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Entre Alexandrie, Paris et Téhéran
25 avril 2013

Dante connaissait-il la langue arabe? (3e partie)

Dante connaissait-il la langue arabe? (3e partie de la Conférence du 6 avril 2013 du Professeur Joseph Santa-Croce à la Grande mosquée de Paris)

 

Inferno_Canto7_Spendthifts and Misers_01

L'enfer, chant VII

Une partie de ces sources n'étaient pas traduites à l’époque de Dante, et il ne connaissait apparemment pas la langue arabe. Cependant, certains chercheurs ont soutenu l'idée que Dante connaissait au moins les bases de la langue de Mahomet, car certains passages de la Divine Comédie seraient des phrases en arabe réécrites phonétiquement avec les caractères latins. Nous avons évoqué en entrée, les difficultés d’interprétation dues précisément à la richesse symbolique de la Divine Comédie. Ainsi dans (Inferno, Canto VII), les vers qui ont donné tant de peine à leurs différents commentateurs :

« Pepé Satan, pepé Satan aleppe

Comincio Pluto con la voce chioccia,

E quel savio gentil, che tutto seppe,

Disse per confortarmi : «  Non ti noccio,

La tua paoura, che, poter ch’egli abbio,

Non ci torrà lo scender questa roccia » v 1-6

 

(Enfer – Chapitre VII)

« Pepé Satan, Pepé Satan aleppe !

Pluton jeta cela d’une voix rauque

Mais le très noble sage, instruit de tout

Dit pour me rassurer : « Demeure ferme

Face à la peur quelque pouvoir qu’il ait

Nous descendrons sans obstacle la roche. »

Une hypothèse arabe de ce vers se situe aussi dans les paroles prononcées par Nemrod dans l’Enfer XXXI (vers 1-4) et se trouve dans Abboud Abou Rachid, le premier traducteur arabe de la Divine Comédie (Tripoli 1930-1933), lequel interprète ces vers comme une transposition phonétique d’un parler arabe, les traduisant en arabe comme Bàb-al-Shaytan, Bàab-al Shaâytan aklibou : 

« La porte de Satan, la porte de Satan, continuez la descente. » 

Déjà, précédemment, au milieu du XXè siècle, Armando Troni avait supposé une probable origine arabe de ces paroles, définissant « aleppe » comme l’impératif de « laba » - s’arrêter, interprétation qui paraît plus cohérente avec le contexte quand le sens serait « La porte de Satan, la porte de Satan, arrêtez ! »

On observe que selon quelques étudiants de la culture arabe, Dante aurait puisé quelques inspirations à des sources arabes. Il est de fait qu’il ne dépréciait pas le monde musulman. Il citait trois grandes figures musulmanes, Saladin, Avicenne et Averroès.  

Dante ne connaissait pas l’arabe mais voulait sans doute évoquer cette langue phonétiquement.

Et Raphè mai amèche zabi almi (Enfer, XXXI, 67) serait Râfi` `almî `amîq hadha bi `aalmî : " Je tiens haut l'étendard de mon royaume. »

Nous devons ces deux interprétations à Madame Rosa Daros-Almanzi, professeur de français à Albenga (Ligurie) citant Guido Bellatti Ceccoli.

 

De 1949 à nos jours:

 

Angels_Ishra

L'ange Gabriel et le Prophète

1. Muñoz Sendino et Cerulli relancent la théorie d'Asìn Palacios :

En 1949, cinq ans après la mort de Asin Palacios, deux chercheurs, l’espagnol Muñoz Sendino et l’italien Enrico Cerulli, publient presqu'en même temps (mais séparément), le "Livre de l'échelle de Mahomet" (Liber Scalae Machometi), conte populaire du voyage dans l'Au-delà. Ce texte islamique (dont l’auteur est inconnu et dont l’original en arabe a été perdu), disparu pendant des siècles, était donc accessible à Dante dans une langue qui lui était familière. Cette œuvre, en effet, a été traduite de l'arabe à l'espagnol par le médecin juif du Roi Alphonse X, Avraham Alfaqim, et successivement en latin et en français par Bonaventura da Siena, diplomate toscan qui a longtemps vécu à la Cour d'Espagne et qui est devenu notaire et écrivain du Roi Alphonse. Selon Muñoz Sendino et Cerulli, Buonaventura da Siena, qui connaissait Dante, pouvait être celui qui lui a transmis ses connaissances sur le voyage nocturne de Mahomet et en général sur l’eschatologie musulmane.

2. Opinions : Carlo Ossola et Maria Corti

Maria Corti, à la différence de Basile, considère que le Livre de l'échelle de Mahomet a certainement influencé la structure, et non seulement la structure, de la Divine Comédie". Cette spécialiste italienne pense, en général, que les canaux d'information arabo-castillans ont exercé une influence importante dans la littérature européenne du Moyen Âge.

Carlo Ossola est l'auteur de l'introduction à la traduction en italien de l’œuvre de Asìn Palacios Dante et l'Islam. Comme Maria Corti et autres chercheurs de très haut niveau, il estime que, dés 1949, la théorie de Asìn Palacios a été relancée de façon crédible. 

L’ascension au ciel, de son vivant, d’un homme pêcheur n’est pas un sujet unique dans la littérature, qu’elle soit religieuse ou non.

Cette ascension, en arabe « mi’raj » est rapportée dans un conte populaire qui rapporte le voyage du Prophète dans l’Au-delà. Il s’agit du  Livre de l’Eschelle de Mahomet.  

Le Livre de l’Eschelle de Mahomet se fonde sur deux sourates du Coran :

« Gloire et pureté à Celui qui de nuit fit voyager son serviteur Mouhammad de la Mosquée Al Haram  à la Mosquée Al-Aqça dont nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. C’est Lui vraiment l’Audient, le Clairvoyant. »

                                                                                       XVIII, I, Al Isra

« Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur et il ne prononce rien d’autre qu’une révélation inspirée que lui a enseigné l’Ange Gabriel, à la force prodigieuse. »

LIII, 7,9, Al Najn

pour aller plus loin : http://www.persocite.com/pmm/dante.htm 

 

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Commentaires
L
La langue arabe est devenue très populaire ces derniers temps et les cours de langue arabe se concentrent sur les quatre compétences de la langue, la compréhension orale, l'écriture et la lecture, complétés par des lectures et des conversations culturelles guidées en classe.
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